Ce projet de loi, conçu comme un budget pluriannuel, vise à opérationnaliser la réforme de la PNC en conformité avec l’article 90 de la Loi organique n° 11/013 du 11 août 2011. Il s’inscrit également dans le cadre du Plan National Stratégique de Développement (PNSD) qui fait de la consolidation de la sécurité et de la démocratie une priorité de l’action gouvernementale.

Une volonté politique affirmée

Portée par la vision du Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, cette réforme vise à bâtir une police républicaine, moderne, professionnelle et conforme aux standards internationaux. Elle entend renforcer l’autorité de l’État, faire progresser l’État de droit et améliorer le lien de confiance entre la police et la population.

Trois axes stratégiques, dix résultats attendus

La réforme s’articule autour de trois axes stratégiques définis dans le deuxième Plan d’Action Quinquennal (PAQ-2), actualisé en août 2024 :

Renforcement du cadre institutionnel de la PNC ;

Professionnalisation de la Police ;

Redevabilité, dialogue et partenariat Police-Population.

Ces axes traduisent les dix résultats attendus qui visent un changement structurel et durable de la PNC.

Un budget de plus de 6 793 milliards de francs congolais

Le coût total de la réforme est estimé à 6 793 273 213 423,20 francs congolais, soit environ 2,3 milliards de dollars américains, répartis comme suit :

• Renforcement institutionnel : 25,36 % (583 millions USD) ;
• Professionnalisation : 72,39 % (1,66 milliard USD) ;
• Redevabilité : 2,25 % (51,7 millions USD).

Les dépenses seront échelonnées sur cinq ans :

• 2025 : 433,9 millions USD
• 2026 : 445 millions USD
• 2027 : 650,6 millions USD
• 2028 : 588,8 millions USD
• 2029 : 180,9 millions USD

Un effort massif pour les équipements et la formation

Les investissements prioritaires incluent :

• Équipements (43,35 %) : près de 1 milliard USD, dont 913,9 millions destinés à l’équipement des unités sur l’ensemble des 26 provinces ;
• Prestations (36,65 %) : 843 millions USD, notamment pour le recrutement et la formation de 90 000 nouveaux policiers et pour les structures comme les écoles de police (EPOL) et l’Académie (ACAPOL) ;
• Personnel (16,53 %) : dont 379,5 millions USD pour la mise à la retraite de 10 000 policiers prévue entre 2027 et 2028 ;
• Infrastructure (3,86 %) : construction, réhabilitation et extension des installations policières ;
• Interventions de l’État : 8,4 millions USD.

Suivi annuel et mécanisme de financement

Un rapport annuel sur l’exécution budgétaire sera présenté au Parlement. Le financement du programme sera assuré via le compte spécial Défense et Sécurité dans la loi de finances. Le Vice-Premier Ministre a souligné que le faible financement passé a freiné la réforme, et que cette loi vise à y remédier durablement.

Conclusion

Avec cette programmation quinquennale ambitieuse, le Gouvernement congolais entend moderniser en profondeur sa police nationale pour qu’elle réponde mieux aux attentes sécuritaires des citoyens et aux exigences d’un État de droit. Le projet est désormais entre les mains des députés nationaux, appelés à l’examiner, l’amender et l’adopter.